L’illusion du « pas cher »
J’écris ce texte, je mets en avant mon expérience et mes idées. A vous de me dire si vous êtes d’accord ou pas
Je rencontre beaucoup de monde, je débats en permanence sur les prix des vélos électriques ou vélos à assistance électrique (VAE), car je maîtrise tout de même le sujet… Je suis souvent confronté au même discours, un vélo, même électrique à 6.000€ c’est trop cher. On en trouve à moitié prix chez Décathlon, et bien moins cher sur Alibaba. Je vous laisse le loisir d’aller constater les tarifs par vous même. Aujourd’hui, il nous parait tout à fait normal et légitime d’obtenir des produits à faible coût. Mais connaissons nous seulement le prix de ces produits ?
La réalité du « pas cher »
Prenez un vélo électrique vendu à 1.000€ sur nos sites préférés, équipé d’une batterie, d’un moteur, de freins, de roues. Il vous faudra certainement monter le vélo vous même, mais à ce prix là, ce vaut le coup ! Alors, oui, il y a les économies d’échelles, les composants sont bas de gamme, … mais au delà de toutes ces considérations, produire en France, c’est ça ressemble à cela :
- commander l’acier, sur un vélo cargo, ou un longtail, on parle de 200€ à 300€ de tubes cintrés et découpés en France,
- puis de 400€ à 500€ de soudure et
- enfin de 200€ de peinture.
Nous y voilà, avec 1000€ on a fait le cadre et la fourche. Il faut encore acheter les composants, le moteur, la batterie, assembler le vélo. Et cela, c’est sans compter la conception, les prototypes, l’homologation, la communication, la commercialisation, le conseil, le SAV, les livraisons…
Ok, et nos vélos à assistance électrique ?
Compte tenu de ces tarifs, il est impossible de rivaliser avec les collègues du bout du monde. Et ce n’est pas l’objet. Il s’agit plus de convaincre qu’on peut faire fonctionner une entreprise en fabriquant en France, en acceptant de se rémunérer un peu moins. Certes, mettre 6.000€ dans un vélo électrique c’est cher. Tout le monde ne peut pas se le permettre. Mais c’est le coût lorsqu’on fabrique un vélo en France avec des composants haut de gamme, venant principalement d’Europe (moteur, béquille, roues…) sur des petites séries.
Là où réside la difficulté c’est d’exister en parallèle des grandes marques qui proposent les mêmes tarifs avec des composants importés. Lorsque Robert Bikes vend un vélo à 6.000€, il reste moins de 1.000€ pour payer les salaires, les assurances, la communication, les loyers, les déplacements, les salons, le site web, le SAV (même si avec un tel vélo, ça n’est pas nécessaire) et le développement de nouveaux modèles et accessoires. Autant dire que c’est très compliqué. Il va sans dire que c’est le passage nécessaire en début d’activité, mais que rapidement de l’optimisation, des économies devront être faites. Mais ne rêvons pas, il n’y aura pas de miracle. Alors, soit je suis fou, soit je suis naïf, soit je suis convaincu, soit je suis un peu de tout.
Au moment du choix : business et/ou convictions ?
Alors, que faire ? Céder aux sirènes de l’import et de la production de masse ? Je sais que cela fonctionne, que c’est le moyen de gagner sa vie, de développer une marque, peut être qu’on peut se résoudre à démarrer comme cela puis relancer progressivement la machine en France. Mais je ne veux pas y croire. Je veux croire qu’une autre voie est possible. Je veux croire que les gens ne sont pas insensibles à ce qui se passe ici.
Je ne considère pas qu’il faut se couper à 100% des importations par exemple. Je pense simplement qu’on se doit d’essayer de proposer des produits de qualité fabriqués à proximité. Car au delà de faire du bien à son égo, on fait du bien à la formation, on lance des filières, on donne aux jeunes des perspectives d’épanouissement. On se projette dans un monde plus harmonieux. C’est bien d’avoir des cerveaux, des gens qui pensent. Mais un cerveau n’a pas d’utilité s’il n’a pas d’ancrage dans le réel. Il faut revenir à la réalité, la production de biens, dans le respect de l’environnement.
Le monde globalisé, le terrain de jeu mondial a imposé un ordre des choses qui nous a fait perdre le sens des valeurs. Il nous paraît aujourd’hui presque normal d’acheter tous les ans un téléphone neuf qui coute près de 1.000€, il nous paraît presque normal de changer de voiture tous les 5 ans alors qu’une voiture neuve coute en moyenne 30.000€ (https://www.automobile-magazine.fr/toute-l-actualite/article/38263-prix-moyen-dune-voiture-neuve-en-france-ca-pique). Comment revoir nos modèles pour consommer moins mais mieux tout en vivant dignement de nos convictions et de nos activités ? Vaste question au milieu d’un engrenage trop bien huilé. La réponse viendra avec les itérations. En attendant venez voir nos VAE ici.
1 Comment
[…] Son coût est aussi un poil plus cher que le vélo du petit. Du coup, il sera peut-être judicieux de l’assurer. […]